L’initiative russe à Sochi
L’opposition syrienne et la Turquie ont dédaigné la participation de l’APD/YPG. La Russie a lancé une initiative visant à étendre les pourparlers de paix syriens à l’organisation kurde PKK liée au PYD. Moscou aimerait détacher ce dernier de la sphère d’influence des Etats-Unis. La Turquie en particulier, mais aussi l’opposition syrienne rejettent cette démarche. Le risque de voir la Syrie se diviser encore une fois augmente.
Lors d’une conférence à Sotchi le 19 octobre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu’un “Congrès du peuple syrien” pourrait être organisé en tant que “dialogue national” et pourrait être une solution à la crise syrienne, une fois que les zones de désescalade auront été convenues et pleinement mises en oeuvre.
Dans une interview accordée à la presse russe le 30 octobre, Aleksander Lavrentyev, l’envoyé spécial russe en Syrie, a également souligné sa volonté d’accompagner une telle initiative. À la suite du septième sommet des pourparlers de paix syriens qui s’est tenu à Astana le 30 octobre dernier, Moscou a annoncé qu’elle organiserait un “Congrès syrien pour le dialogue national” dans la ville de Sotchi, au Sud de la Russie, dans le Nord du Caucase, le 18 novembre.
Le ministère russe des Affaires étrangères a publié une liste de 33 organisations politiques domiciliées en Syrie, qui sont invitées à ce Congrès. La liste publiée contient les groupes de l’opposition mais aussi, le Parti Baas arabo-socialiste, qui dirige le pays, le Haut Comité de négociation de l’opposition syrienne, le Front populaire pour le changement et la liberté et les mouvements kurdes.
Il est controversé que la Russie veuille également inviter le bras politique de la milice YPG affiliée au PKK, également connue sous le nom de PYD. Le PKK et sa dérivée syrienne PYD/YPG sont classés par la Turquie, l’UE et les États-Unis comme des organisations terroristes. Lors d’une conférence de presse mercredi, le porte-parole du président turc Ibrahim Kalin a qualifié “d’inacceptable” l’invitation russe au l’APJ/YPG à participer au Congrès et a déclaré que le gouvernement turc considèrerait cette invitation comme “déraisonnable”.
Comme son nom l’indique, le congrès est censé réunir les différents peuples de Syrie. Les forces de l’opposition craignent que cette conférence soit le premier pas vers une division encore plus profonde de la Syrie. Les analystes politiques estiment quand a eux que ce Congrès serait la voie à suivre pour ouvrir une logique de fédéralisation de la Syrie. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov a déclaré mardi que le congrès avait pour objectif d’élargir le cercle des participants politiques au règlement du conflit syrien. Le régime syrien a fait savoir qu’il participerait aux négociations. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Bachar al-Dschafari, a déclaré lors d’une conférence de presse dans la capitale kazakhe Astana: “Nous pensons que c’est le bon moment pour tenir un tel congrès. Et nous sommes prêts à participer à ce congrès”.
Selon les médias, Damas rejette cependant la fédéralisation telle que proposée par la Russie. Moscou a estimé qu’il fallait arracher les Kurdes de l’orbite des Etats-Unis dans le Nord de la Syrie en faisant des concessions à l’APJ/YPG. Poutine n’a pas exclu la possibilité qu’une nouvelle constitution serait en préparation.
Damas, en revanche, est prêt à n’accorder l’autonomie aux Kurdes que dans les régions peuplées par les Kurdes. Les territoires arabes, comme la ville de Raqqa ou les zones riches en pétrole de la province orientale de Deir ez-Zor, doivent toutefois être transférés à l’armée syrienne.
Néanmoins l’opposition syrienne rejète ce Congrès. L’initiative de la conférence à Sotchi est largement contestée par les membres de l’opposition. Muhammad Alloush, le négociateur en chef du Haut Comité de négociation de l’opposition syrienne, a critiqué la conférence et a déclaré “Il y aura un dialogue entre le régime et le régime”. Le Haut Comité de négociation et la Coalition nationale de l’opposition syrienne et des forces révolutionnaires syriennes, qui figure sur la liste d’invitation, ont décrit cette conférence comme une stratégie de la Russie pour contourner les pourparlers de Genève. Le Conseil islamique syrien a rejeté la conférence et a appelé d’autres groupes politiques à rejeter la participation, car la conférence de Sotchi légitimerait le régime Assad.
Les organisations politiques suivantes ont été invitées: Front populaire pour le changement et la libération, Comité national de coordination pour le changement démocratique, Le Parti populaire, Parti national syrien de la jeunesse pour la justice et le développement Parti de la solidarité, Parti du Congrès national, Parti du Congrès national pour une Syrie laïque (sous-groupe), Mouvement alternatif pour la Syrie, Mouvement de “Kamh”, Siège de l’APJ/PYD/Reed (sous-groupe), PYD /Ayn al-Arab – Kobane (sous-groupe), Parti de l’union syrienne, Mouvement “ensemble pour une Syrie libre et démocratique”, Parti “pour la construction de l’État syrien” , Parti populaire démocratique syrien, Jeunesse de la patrie syrienne, Parti socialiste arabe Baas, Parti démocrate et socialiste.
Organisations qui ont rejeté l’invitation: Haut Comité de négociation de l’opposition syrienne, Parti du Front Sud, Congrès national syrien, La Coalition Nationale des Forces Révolutionnaires et de l’Opposition, Le Conseil national kurde.
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