En décembre 1894, avec la montée de l’antisémitisme politique en France, le capitaine Alfred Dreyfus, officier juif de l’armée française, avait été injustement condamné pour haute trahison et condamné à la prison à vie par le tribunal militaire français.
Alors que le capitaine a été écarté des rangs militaires et dépouillé de ses armes en présence d’une foule antisémite scandant “la mort aux Juifs” devant la célèbre Ecole Militaire de Paris, son “Affaire” est entrée dans l’Histoire, symbolisant l’horreur des crimes commis contre la population juive de France sous le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dreyfus avait été accusé d’avoir transmis des secrets militaires français à l’ambassade d’Allemagne à Paris.
Une accusation uniquement basée sur quelques notes manuscrites trouvées dans la corbeille à papier de l’ambassade allemande.
Peu de temps après la condamnation du Capitaine par le tribunal militaire français, de nouvelles preuves ont montré que l’écriture manuscrite sur les notes appartenait en réalité à un autre officier majeur de l’armée française, Ferdinand Esterhazy.
Néanmoins, ces éléments ont été étouffés par certains des officiers de haut rang de l’armée et de la justice françaises, pour “sauver l’honneur de l’armée française et la stabilité politique de la France” et Dreyfus a été condamné une deuxième fois, cette fois sur la base de preuves factices.
Une fois l’innocence de Dreyfus révélée, et surtout après la publication dans un journal parisien de la lettre ouverte historique du célèbre romancier français Emile Zola, s’adressant au président de la République, accusant les hauts fonctionnaires français de complicité dans la conspiration contre Dreyfus, l’opinion publique française ne pouvait plus ignorer les injustices explicites commises dans cette affaire.
La déclaration de Zola attira l’attention de beaucoup d’autres intellectuels français sur l’affaire. La République française fut ébranlée et il était évident que le calme et la stabilité de la nation ne pouvaient être rétablis sans que l’affaire Dreyfus fût résolue.
C’est pourquoi, en 1899, peu après sa seconde condamnation par le tribunal militaire français, le président de la France s’est senti “obligé” de pardonner à Dreyfus, mais son innocence ne fut officiellement reconnue qu’en 1906 par décision de la Cour suprême française. Le capitaine fut finalement réintégré dans l’armée, avec le grade de major cette fois.
Depuis, “L’affaire Dreyfus” est considérée comme l’une des plus grandes hontes de l’histoire politico-juridique de la France, par laquelle un innocent a été persécuté pour motifs politiques et racistes avec la complicité des médias français et de hauts fonctionnaires français.
Près de 125 ans après l’affaire Dreyfus, nous assistons en France à un autre assassinat de caractère, avec, une nouvelle fois, des motivations politique et racistes, qui ne vise pas cette fois-ci un officier juif, mais un intellectuel musulman européen très influent, le Docteur Tariq Ramadan.
Ce dernier, déjà jugé et exécuté par les médias français, désigné comme le “violeur musulman”, a été placé en détention par la justice française, avant même la construction de l’acte d’accusation formel contre lui par le parquet de Paris.
La similitude entre les deux cas ne se limite pas aux motivations politiques et racistes qui les sous-tendent, mais inclut également la complicité de certains hauts fonctionnaires français dont le véritable devoir était de substituer la justice.
Selon les informations et les rapports des groupes de défense des droits de l’homme, une preuve cruciale montrant que Tariq Ramadan n’était même pas présent dans le prétendu lieu de crime à l’heure présumée, a été déposée à la police française par les avocats de la défense le 6 décembre.
La preuve a été ensuite mystérieusement égarée et n’a donc pas été incluse dans le dossier de Ramadan jusqu’à sa détention en février.
La «perte» de cet élément crucial de preuve attire toute l’attention sur le parquet de Paris qui est, selon la loi française, le directeur de la police judiciaire chargée de l’enquête sur l’accusé.
Le procureur général de Paris, François Molins, qui est actuellement en charge de l’affaire Ramadan, est un magistrat qui s’occupe habituellement des affaires de terrorisme relevant de la juridiction nationale. C’est lui qui enquêtait sur les attentats terroristes majeurs en France: les assassinats perpétrés par Mohammed Merah en 2012, l’attentat de Charlie Hebdo, l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, etc.
Considérant que la première plainte contre le Dr Ramadan a été déposée au Parquet de Rouen et que celle-ci est la juridiction naturelle de l’affaire, la renonciation incompréhensible de compétence de ce dernier à François Molins soulève de sérieuses questions notamment : est ce que Ramadan fait l’objet d’une enquête pour “un crime ordinaire” ou simplement parce qu’il est “musulman” ?
Un autre indicateur de l’abus de pouvoir public dans le cas de Ramadan est révélé par la confession publique d’une célèbre “anti-musulman” française et adversaire de longue date de Tariq. Ramadan, Caroline Fourest.
Cette dernière a révélé qu’elle avait organisé une réunion en 2009 entre un magistrat français de haut rang appelé Michel Debacq qui occupe maintenant un bureau à la Cour de Cassation de France et l’accusateur anonyme appelé “Christelle”, apparemment en préparation d’intenter une action contre Tariq Ramadan.
Ce qui suscite également de sérieux doutes sur l’impartialité des autorités françaises compétentes dans l’affaire Ramadan…
Depuis le tout début du processus, le droit à la présomption d’innocence de l’influent intellectuel a été constamment violé par les médias français, qui n’ont pas hésité à employer, à maintes reprises, un ton islamophobe nauséabond dans les différents reportages traitant de l’affaire.
En parallèle, la justice française s’est rendue complice de cette violation par le processus d’enquête indu appliqué à Tariq Ramadan et ce, en le plaçant en détention indéfinie malgré la bonne volonté et la pleine coopération manifestées par le concerné durant le processus d’enquête.
En outre, nous apprenons des différents rapports de Justice que le Dr Ramadan a été placé dans une cellule d’isolement dans l’aile haute sécurité de la prison de Fleury-Mérogis à Paris, sans aucune raison légale compréhensible.
Aujourd’hui, l’affaire Tariq Ramadan attend son Emile Zola, qui sortira de l’intelligentsia française non-musulmane et dont le devoir historique serait d’attirer l’attention sur cette injustice flagrante qui se déroule actuellement en France.
Les enseignements tirés de l’Histoire révèlent que cette conspiration complotée contre Tariq Ramadan avec des motivations explicitement anti-musulmanes, ne vise pas seulement la personnalité d’un seul musulman, mais toute la communauté musulmane de France et d’Europe.
Et ceux qui ont choisi de ne pas condamner l’injustice évidente commise à l’encontre de Ramadan seront jugés par l’Histoire comme complices d’un crime beaucoup plus grand, commis contre toute une communauté musulmane européenne.
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