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La concentration des médias français pose un problème de liberté de presse

Depuis une dizaine d’années, le secteur des médias français subit une baisse significative de son chiffre d’affaires. Cette crise entraîne la concentration des médias aux mains de quelques groupes. Malgré ce monopole, le gouvernement français a mis en place plusieurs mesures de soutien financier et d’aides directes en faveur des médias pour soutenir le secteur.

Alors que la crise du coronavirus a durement affecté les médias, le gouvernement a débloqué environ 2 milliards d’euros pour le secteur, en crise depuis mars, dont 666 millions rien que pour la presse écrite en plus des aides allouées chaque année à cette dernière.


Or, comme l’avait révélé l’association ACRIMED, un observatoire sur les médias, « une poignée d’industriels contrôle désormais l’essentiel des médias français. Pourtant, ces milliardaires refusent de mettre la main au portefeuille et sollicitent toujours plus d’aides publiques ».

Selon les chiffres de la cour des comptes, en 2018, « le secteur de la presse écrite regroupe environ 3.350 entreprises, emploie 59.000 personnes dont 21.000 journalistes, et publie 8.000 titres. Son chiffre d’affaires qui dépassait 10 milliards d’euros en 2000 n’atteint plus aujourd’hui que 7,5 milliards ». Ainsi, la cour explique cette baisse par la diminution des ventes et des recettes publicitaires.

Selon les chiffres du ministère de la Culture, en 2017, 400 titres ont bénéficié des aides directes de la part de l’Etat. Ainsi, sur un total de 65 millions d’euros, le journal Libération a empoché 5.913.419 euros suivi par la Croix avec 4.624.765 euros et Ouest-France avec 4.476.986 euros.

Les milliardaires contrôlent les médias en France

En fait, ACRIMED estime « qu’en France, un petit groupe de capitalistes contrôle l’essentiel des moyens privés de production de l’information écrite, télévisuelle et radiophonique ». Selon, les chiffres de l’association, seuls 37 groupes ou entités possèdent les milliers de médias en France. D’ailleurs, selon les chiffres publiés par le ministère de la Culture, 32 d’entre eux ont bénéficié de 63 millions d’euros d’aides. Hormis l’Etat qui possède les médias publics, il existe très peu de médias indépendants en France.

Dans une infographie très détaillée, ACRIMED recense chaque année la concentration des médias français aux mains de quelques hommes d’affaires dont certains se trouvent en tête de liste des hommes d’affaires les plus riches de France.

L’achat des médias français s’accélère

Ainsi, l’association explique que depuis 2014 le processus de concentration des médias aux mains des multimilliardaires s’est accéléré avec l’acquisition de plusieurs médias français par le groupe Altice appartenant à Patrick Drahi. L’homme d’affaires franco-israélien (10e fortune de France) possède ainsi des médias comme Libération, l’Express, BFM TV et RMC. En 2017, son groupe avait d’ailleurs reçu près de 5 millions d’euros d’aides publiques.

Par la suite, la première fortune de France, Bernard Arnault, déjà propriétaire des Échos, a racheté Le Parisien et Aujourd’hui en France, en empochant au passage également 5 millions d’euros d’aides. De son côté, le milliardaire Vincent Bolloré, s’est emparé du groupe Canal +. Quant aux propriétaires du journal Le Monde, ils ont acquis le magazine L’Obs.

Par ailleurs, ARCIMED note que la quasi-totalité des titres régionaux appartiennent uniquement à la banque Crédit Mutuel.

32 groupes ou sociétés de presse se partagent les aides publiques

Ainsi, d’après les chiffres du ministère de la Culture, le groupe SIPA, propriétaire d’Ouest-France et de 20 Minutes, entre autres, a bénéficié de 8.887.674 euros d’aides publiques. Le Crédit Mutuel qui gère par ailleurs les DNA, l’Alsace, l’Est-Républicain, le Progrès a perçu 6.548.708 euros. En troisième position, on retrouve donc SFR Presse de Patrick Drahi qui publie, entre autres, Libération et L’express. La société de Drahi a, quant à elle, bénéficié de près de 5 millions d’euros d’aides publiques.

Selon ces chiffres, plusieurs groupes comme le Figaro, Le Monde, La Croix, Sud-Ouest ont reçu des millions d’euros pour pouvoir continuer à paraître.

Les aides publiques augmentent pour les médias français

Selon les estimations des spécialistes, le secteur des médias va subir une nette baisse de leur chiffre d’affaires de 25 % par rapport à 2019. Le secteur de la presse sera particulièrement touché avec 16%. Pour remédier à ce manque, l’Etat a donc décidé d’octroyer une aide supplémentaire de 666 millions uniquement à la presse.

Selon les données communiquées par le gouvernement, sur ces 666 millions d’aide accordés la majeure partie, soit 450 millions d’euros, seront des dispositifs transversaux.

Dans un premier temps, le gouvernement espère sauver avec une dotation de 156 millions d’euros la société Presstalis en redressement judiciaire depuis le 15 mai. Cette entreprise qui distribue 2/3 des titres en France connaît une crise majeure depuis le mois de mars.

Liberté de la presse en danger

Pour ARCIMED, ces pertes sont loin d’être un problème pour les propriétaires des médias. En effet, l’association estime que « le capital se récupère en réalité sous d’autres formes : l’influence, la valorisation de l’image de marque d’un groupe industriel (elle-même génératrice de profits via les autres activités du groupe), le contrôle relatif de la parole médiatique et la synergie entre les offres d’abonnement à Internet ou à un réseau téléphonique d’une part, et l’exclusivité de contenus d’autre part ».

Ainsi, les médias servent avant tout pour ces industriels à faire du profit dans leurs activités principales, quitte, parfois, à avoir des « conflits d’intérêts avec l’Etat ».

Illustartion ARCIMED
Source Medyaturk.info

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About the author

Fatih Karakaya

Fatih Karakaya

Fatih Karakaya est né en 1977 à Kayseri en Turquie. Il est parti à l’âge de 10 ans en France. Après ces études de Turcologie à l’université de Strasbourg, il a commencé à travailler pour des journaux locaux en France.

Par la suite, il a écrit pour le site d’information Haber7 avant de devenir journalise Freelance.

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