Le parlement turc a approuvé pour la sixième fois la prolongation de l’état d’urgence en date du 19 janvier dernier. Décrété le 20 juillet 2016, suite à la tentative du coup d’état, perpétré par les généraux proches de la mouvance guléniste, l’état d’urgence avait pour but de mieux lutter contre les attaques terroristes.
Le réseau connu sous le nom de FETO (Fetullahci Teror Orgutu du nom de leur chef Fetullah Gulen), était déjà très contesté en Turquie par les milieux laïcs. Cette organisation est suspectée d’infiltrer l’appareil de l’état turc tout en fermant les yeux sur les organisations terroristes grâce à leur puissance dans la justice et la police.
En effet, la Turquie a été cible de plusieurs attentats terroristes de la part des organisations terroristes telles que Deach mais aussi le PKK (groupe séparatiste). Désormais, le FETO est aussi classée une organisation terroriste. En aucun cas, c’est des opposants politiques.
La Turquie a décidé de recourir à l’état d’urgence pour en finir avec ce réseau entre autres. D’après la constitution turque, l’état d’urgence permet au gouvernement de gouverner avec des décrets concernant le domaine de la sécurité.
Ainsi, le Président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dans ses allocutions à plusieurs reprises que ce choix était nécessaire pour lutter contre le terrorisme. L’état d’urgence permet en outre au gouvernement de décréter le couvre-feu, nationaliser tous les outils de communications y compris les entreprises de médias, interdire les manifestations, dissoudre des associations jugées non légales. Ceux ne sont que quelques exemples de possibilité que le gouvernement turc a très peu utilisés.
En fait, cette situation exceptionnelle a surtout servi à «nettoyer» les appareils de l’état des personnes prenant part directement ou indirectement dans le coup d’état et de mieux lutter contre les attentats.
Nettoyage de l’administration
D’après les chiffres officiels fournit par le gouvernement turc 108 milles personnes ont été limogés pour appartenance ou soutien à une organisation terroriste.
Avec 34000 expulsions, la grande part revient au ministère de l’éducation. S’en suit le ministère de la santé avec 6519 personnes et le ministère de la justice avec 5330 personnes. Par ailleurs, 5751 personnes ont vu leurs contrats en relation avec l’état, devenir caduque. Par ailleurs, des centaines de fonctionnaires de la justice, de la police et de l’armée ont été expulsé car ces personnes recevaient des ordres d’un gourou plutôt que de la constitution.
Le fait que les expulsions soient nombreuses dans le milieu éducatif n’a rien de surprenant. Le 29 décembre 2009, Le journal français Le Monde publiait un article sur cette confrérie Gulen et son réseau d’écoles.
Ainsi on y apprenait que la confrérie « avait des millions d’adeptes, qu’elle gérait 25 milliards de dollars, qu’elle ouvrait des écoles dans le monde entier et que la prochaine cible était la France ».
Le FETO s’est donné pour mission de recruter «son armée» tout d’abord au sein des étudiants, dévoués à une idéologie.
C’était seul moyen pour cette confrérie de former dès le jeune âge des adeptes qui ne poseront jamais de questions. La stratégie consistait tout d’abord a recruté des enseignants qui repéraient les élèves les plus brillants pour les pousser à devenir des hauts fonctionnaires.
C’est ainsi que l’organisation guleniste espérait contrôler l’état turc afin de le mettre à son service. Des milliers de procureurs, juges, enseignants, hommes politiques ne se cachaient pas d’appartenir à la mouvance.
De ce fait, parmi « ces millions d’adeptes », ceux qui ont été exclus ne représentent au final pas grand monde.
Dans un éditorial en août 2016 dans le quotidien Daily Sabah, le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin expliquait les raisons de l’expulsion de ces gulenistes. Ainsi, il comparait cela à « Einigungsvertrag » (traité d’unification allemande en 1990) qui avait permis de limoger 500 milles fonctionnaires lors de la réunification.
Or, les fonctionnaires ayant garanties d’emplois à vie ne pouvaient être expulsés. Cela a été possible grâce à l’état d’urgence. Aucun gouvernement au monde ne pourra laisser dans ses effectifs des fonctionnaires qui reçoivent l’ordre d’un leader considéré terroriste par les lois du pays.
Ainsi, il est aisément possible de dire que l’état d’urgence a permis à la Turquie de se débarrasser des personnes faisant non seulement l’apologie du terrorisme mais aussi celles qui apportent un soutient effectif. C’est comme si les occidentaux permettaient à ceux qui se revendiquent de Deach de rester fonctionnaire. Or, on sait très bien que même un simple like sur facebook conduit ces personnes en prison.
Alors les citoyens turcs ont du mal à comprendre cet acharnement contre la Turquie.
Pourtant, les autorités annoncent que le travail n’est pas encore terminé et que plusieurs milliers de terroristes se cachent dans l’administration. Afin d’éradiquer ces réseaux, la Turquie aura recours à l’état d’urgence.
Fatih KARAKAYA
Image via stratejikortak.com
Source: medyaturk.info
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